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Pour contrer l’envie d’hiberner comme un ours, rien ne vaut le sport. Mais comment se motiver à bouger – et à persévérer? La Presse en a parlé avec Robert J. Vallerand, professeur de psychologie sociale et directeur du Laboratoire de recherche sur le comportement social à l’Université du Québec à Montréal.
Plusieurs personnes prennent la résolution de faire du sport. Combien y arrivent?
Les recherches démontrent bien souvent que plus de 50 % des gens qui commencent en janvier vont arrêter. Environ 25 % commencent tellement vite, sans être prêts, qu’ils se blessent, et c’est la fin. Un autre 25 % fait du sport pour perdre du poids. Mais l’exercice, en fin de compte, ce n’est pas juste pour perdre du poids. C’est une façon de vivre. On sait tous que c’est important pour atteindre un équilibre, autant physique que psychologique.
Les adultes de 18 à 64 ans devraient faire 150 minutes d’activité physique d’intensité modérée à élevée chaque semaine, pour favoriser leur santé, selon les directives canadiennes. Seul un adulte sur cinq y arrive. C’est ce que vous voyez?
Oui. Dans le monde universitaire, par exemple, on a des horaires de fous, avec la recherche, les demandes de subventions, les articles à publier, les étudiants, les cours… On sait tous que faire de l’exercice, c’est important. On est souvent assis. On sait qu’être assis, c’est la cigarette des années 2000, le nouveau fléau. Et pourtant, est-ce que tout le monde s’entraîne? Non.
Comment augmenter ses chances de rester motivé?
Il faut se demander quand on va placer l’exercice dans son horaire. Cela doit suivre immédiatement la prise de décision de faire du sport. Sinon, il n’y aura pas d’implication ou d’engagement envers l’exercice de façon assidue. Moi, c’est la première chose que je fais. À 6 h 30 ou 7 h le matin, je suis parti m’entraîner, de sorte qu’après, c’est fait. Plus la journée avance, plus tout ce qu’on a à faire est important…
«On sait tous que faire de l’exercice, c’est important, dit Robert Vallerand, professeur de psychologie sociale et directeur du Laboratoire de recherche sur le comportement social à l’UQAM. On est souvent assis. On sait qu’être assis, c’est la cigarette des années 2000, le nouveau fléau. Et pourtant, est-ce que tout le monde s’entraîne? Non.»
Photo tirée du site internet de l’UQAM
Le choix de l’activité est aussi crucial?
Oui. Moi, j’adore le basketball. Je joue encore au basketball, mais si quelqu’un me dit: «Viens-tu à la natation?», je vais me sauver en courant. L’exercice, personne n’est obligé d’en faire, à moins que son médecin lui dise: « Si tu n’en fais pas, t’es en danger.» Donc si la personne n’aime pas l’activité choisie, elle va finir par la mettre de côté. Les chances d’être assidu baisseront. On veut que la motivation soit au moins autodéterminée. Ce qui veut dire que je le fais par choix. Et, autant que possible, intrinsèque, ce qui veut dire que je le fais par plaisir. Une motivation extrinsèque, par exemple pour faire plaisir aux amis, n’est pas de la même qualité.
On peut aussi choisir de s’entraîner seul ou avec d’autres?
Oui. Pour certaines personnes, l’aspect social est important. Pour d’autres, non. L’essentiel, les philosophes grecs avaient vraiment mis le doigt dessus: connais-toi toi-même, et tu vas pouvoir faire de bons choix. Il y a, par ailleurs, des gens qui font du counselling de loisirs et qui peuvent aider les gens à choisir une activité pour un épanouissement optimal.
Les centres sportifs offrent souvent de nouveaux cours en janvier. Est-ce une bonne idée de varier les activités?
Ce que les gens recherchent souvent, c’est de ressentir des émotions positives en faisant de l’exercice. Pour certaines personnes, le dépassement de soi et l’atteinte de l’excellence vont leur permettre de se sentir bien. Pour d’autres, il est important de s’améliorer. Or, dans l’entraînement, on atteint des plateaux. Il y a des gens qui ont de la difficulté à faire face au fait qu’ils ne ressentent plus d’émotions positives en faisant leur activité, parce qu’ils sont sur un plateau. Ils stagnent. S’ils commencent une nouvelle activité, ils vont s’améliorer. Jusqu’à ce qu’ils vivent un nouveau plateau, et rechangent d’activité. D’autres trouvent leur activité et y tiennent, parce qu’ils deviennent passionnés.
C’est bien, cette passion?
Si c’est une passion harmonieuse, les gens vont bien l’intégrer dans leur vie. Ça sera un bonus, avec des bénéfices, autant sur le plan physique que psychologique. Ils vont persévérer, malgré les plateaux. Ceux qui ont une passion obsessive, par contre, attention: ça peut devenir dangereux. Si tu mets de côté des choses importantes et intéressantes de ta vie parce que tu ne veux pas manquer ton exercice, il y a un problème. Il faut que ça ajoute à la vie, pas que ça en enlève.
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Note: les propos de M. Vallerand ont été édités.
Source
http://lapresse.ca/vivre/sante/en-forme/201801/19/01-5150650-activite-physique-trouver-la-bonne-motivation-pour-perseverer.php